jeudi 6 août 2009

La partie la plus intime de Tombereau


In Midi-Libre

Le palpitant de Michel Tombereau tient au centre d'un triangle gardois quasi équilatéral que délimite Nîmes, Port-Camargue et Saint-Gilles. C'est ce dernier cadastre intime (où, soit dit en passant, il a longtemps enseigné la biologie) qu'il a choisi pour célébrer 40 ans de peinture. Et montrer un tout autre visage que celui de ses toreros filiformes aux couleurs de feria rejaillissant jusque sur le cadre. Les gens adorent mettre des tampons sur les talents énergumènes. Lui, a ouvert son seul tiroir dans lequel il conservait les toiles originelles dont il a refusé de se séparer. Sur le fond, il est resté fidèle à lui-même préférant regarder défiler les tranches de vie que contempler son nombril. Sur la forme, on découvre un paysagiste sillonnant avec chevalet et palette son eldorado d'ici.
Ce peintre de la joie de vivre s'émerveille du proche. L'enfance retrouvée de sa fille Clemence donnant à becqueter aux pigeons du jardin de La Fontaine. Un clochard céleste assis sur un banc devant le Temple de Diane, des rangées de gentils coquelicots incendiant le ciel pâle...
Touche par touche, pore par pore, l'éloge de la lenteur s'inscrit dans chaque imperceptible modification de lumière nimbant une chapelle des Alpilles ou une cabane de pêcheur de la Pointe-Courte à Sète.
L'oeil rivé dans l'objectif du microscope à reproduire des cellules - son école des Beaux-Arts à lui - l'ancien étudiant en sciences a acquis le geste affirmé, la justesse dans le dessin et l'art du détail. Pourtant, bien plus que la froide observation, les climats changeants aux tons apaisants de ses toiles aux petits formats, révèlent une météorologie tout intérieure, l'atlas des petites balades en famille, la peau d'un monde gardois, ce que nous devrions revoir où voir depuis longtemps mais que nous négligeons, aveuglés par les rubans d'asphalte.
Tombereau sait parfaitement qu'il n'est pas Picasso, et qu'il n'entrera pas au musée, mais il n'en a rien à gaufrer. Transmettre du plaisir cela suffit amplement à son bonheur. Quarante ans après, la peinture, reste l'oxygène de son passé et les vitamines de son présent.

René DIEZ


"Intimes paysages", jusqu'au
30 août, 9 heures - 12 heures, 14 heures - 17 heures,
étude notariale M e Friaud,
M e Montredon, 458, avenue
du 19-mars-1962, Saint-Gilles.